En 2021, la commune de Hérouville-Saint-Clair (Calvados) fête les 30 ans de son jumelage avec Tikhvine, ville de 65 000 âmes située à quelque 230 km de Saint-Pétersbourg. Un anniversaire qui coïncide avec l’année dite de « la coopération décentralisée franco-russe » dont ce jumelage demeure un exemple.
À Hérouville-Saint-Clair, deuxième commune la plus peuplée du Calvados avec quelque 23 000 habitants, plus de 75 nationalités se côtoient dans cette ville qui se veut ouverte sur le monde. Voilà maintenant un quart de siècle que les municipalités successives s’attachent à mener une politique de coopération décentralisée avec des partenaires des cinq continents.
Nous sommes en octobre 1987 : le conseil municipal de Hérouville-Saint-Clair approuve à l’unanimité le projet d’un jumelage avec une ville d’Union soviétique que la glasnost rend désormais envisageable. Ce jumelage se fera avec la ville de Tikhvine et sera signé un peu plus tard, en 1991. L’année suivante, deux structures associatives vont voir le jour dans le sillon du jumelage : « Amitié Solidarité Tikhvine » et « Amitié Hérouville ».
Durant les premières années du jumelage, priorité est donnée à la restructuration de la société civile de Tikhvine : aides humanitaires, créations d’associations, aides dans le domaine de la santé… Depuis le début des années 2000, heureusement, les choses ont évolué. La coopération entre les deux villes s’est ainsi poursuivie autour des questions de rénovation urbaine et de développement de l’attractivité du territoire. A noter que deux projets de développement pluriannuels ont été menés à terme entre 2013 et 2018, tandis que le projet de « développement territorial au service de l’attractivité du territoire de Tikhvine » pour la période 2019-2021 a déjà permis la création d’une pépinière d’entreprises.
Aujourd’hui, l’objectif de l’association Solidarité Tikhvine est de « favoriser les échanges culturels et relationnels entre les villes ». En l’espace de 30 ans, plus de 440 échanges auront été organisés dans ce sens. Français et Russes se reçoivent les uns les autres et à tour de rôle : autant de voyages très prisés des deux côtés et toutes générations confondues.
Entre autres jumelages, c’est d’ailleurs le jumelage franco-russe qui mobilise le plus les Hérouvillais. Liens amicaux, mariages binationaux… Le jumelage, « avant tout, ce sont des relations humaines », explique Agnès Dolhem, maire-adjointe de Hérouville-Saint-Clair en charge des relations internationales, qui affiche la volonté de construire des relations durables au-delà des frontières et de faire également vivre ces coopérations sur le territoire national. Sans compter que, « [dans] beaucoup de villes, [pour] les relations internationales, il n’y a pas de structures [actives] derrière ; nous, nous avons la chance d’avoir Anouck Angué (chef de projets coopération décentralisée et relations internationales à la mairie d’Hérouville), […] qui n’a pas baissé les bras », poursuit Agnès Dolhem. Le jumelage aura aussi donné naissance à un projet particulièrement apprécié côté normand, celui de « Café Polyglotte ». Installé au Café des Images, « c’est devenu un lieu de rendez-vous incontournable », se félicite Agnès Dolhem. Devenu très populaire, ledit café est aujourd’hui le lieu de « convergence culturel » de la commune et semble d’ores et déjà inspirer plusieurs entreprises en recherche de dispositifs similaires.
Nina Hervieu, présidente de l’Association Amitié Tikhvine, est en charge de la table russe du Café Polyglotte. Installée en France depuis 1994, naturalisée française en 1996, mariée à un Français, elle anime plus largement ce Café Polyglotte depuis 2019, autrement dit son départ à la retraite qui lui laisse du temps libre. Autour de Nina, russophones et russophiles se retrouvent ainsi pour partager leur curiosité et leur amour de la culture slave, loin des mésententes et d’un contexte international parfois tendu.
En 2020, face à l’annulation des événements programmés, les deux associations et les deux municipalités ont d’ailleurs dû redoubler d’ingéniosité pour maintenir les échanges entre les jumelles. La mairie d’Hérouville-Saint-Clair et la MJC ont ainsi mis en place le portail #GATE1 qui compile des visioconférences et débats ayant lieu une fois par mois, des cours de cuisine, un projet de vidéo chorégraphique et un projet d’orchestre franco-russe qui se sont ainsi substitués au déplacement à Tikhvine, reporté à 2022.
Pour autant, la crise sanitaire mondiale n’a pas suffi à décourager Hérouville de revoir Tikhvine. Pas plus tard que le 24 avril dernier se tenait encore une rencontre virtuelle dans le cadre de la préparation des 30 ans du jumelage, en présence des anciens maires initiateurs du projet. La mairie de Hérouville-Saint-Clair compte bien inviter une délégation russe pour les célébrations, plus tard dans l’année, dès que la situation le permettra.
« L’ambiance était vraiment chaleureuse ; on a retrouvé les visages comme avant, qui se sont lancé dans cette aventure-là, et qui parlaient avec toujours autant d’enthousiasme, comme il y a trente ans », se réjouit Nina Hervieu qui était de cette rencontre à distance. Et la présidente de l’association Amitié Tikhvine d’ajouter : « tout le monde attend avec impatience l’ouverture des vols d’avions et des frontières. »
Et si tout va mieux, Tikhvine accueillera une délégation française à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, le 8 mars prochain.
1Le nom GATE fait référence aux villes participantes : le G de Garbsen, le A d’Agnam et Ahfir, le T de Tikhvine et le E d’échanges forment le mot « Gate » signifiant « portail » en anglais. La ville d’Hérouville Saint-Clair est représentée par le #, s’apparentant à la lettre H.
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