L’Eglise orthodoxe russe en France : histoire, présent et perspectives d’influences

Le développement de l’orthodoxie russe en France est le fruit d’un exil. Phénomène du 20ème siècle, il fut l’occasion de profondes mutations au sein de la diaspora, tant dans la manière de pensée l’orthodoxie que dans la pratique de cette dernière. Pendant longtemps ignorée par le pouvoir soviétique, la diaspora orthodoxe russe est aujourd’hui un objet de convoitise. 

A la lumière de ce constat, il est légitime de se poser la question suivante : doit-on parler d’influence de l’orthodoxie russe en France ou d’influence de la France sur l’orthodoxie russe ?

Pour répondre à cette question, nous nous intéresserons dans un premier temps à l’émigration russe et à la naissance de l’orthodoxie russe en France. Dans une deuxième partie, nous verrons comment la laïcité à la française a pu faire évoluer la pratique de l’orthodoxie dans la diaspora, avant d’évoquer en troisième partie la question du soft-power russe que peut véhiculer l’orthodoxie. 

Emigration russe et naissance de l’Eglise orthodoxe en France

L’Eglise orthodoxe se développe en France à partir du 19ème siècle. La première messe orthodoxe aurait été donnée au tout début du 15ème siècle, lors de la visite de Paris de l’Empereur byzantin Manuel II Paleologus. Au 17ème siècle, une communauté grecque vivait à Cargèse, dans le sud de la Corse, alors génoise.

Concernant l’orthodoxie russe, il faut attendre le 18ème siècle que quelques ecclésiastiques logent à l’ambassade à Paris. En 1814, une messe est célébrée à Paris à l’occasion du déplacement du tsar Alexandre Ier[1]. En 1816, la  première chapelle orthodoxe russe de Paris est ouverte rue de Berri, à l’ambassade. Dans la deuxième moitié du 19ème, la côte d’Azur devient un lieu de villégiature pour haute société russe. Une chapelle ouvre à Marseille en 1821.

L’église orthodoxe russe de Nice (Photo Cauvin)

La première église orthodoxe est grecque : l’église de la Dormition de la Mère de Dieu est construite entre 1834 et 1845. L’église orthodoxe russe Saint-Nicolas-Saint-Alexandra de Nice est la première construite dans le Royaume de Piémont-Sardaigne. Consacrée en janvier 1860, elle devient la première église russe en territoire français après l’annexion du Comté de Nice. La première église orthodoxe russe de Paris (8ème), Saint-Alexandre Nevksi, ouvre ces portes l’année suivante.

Eglise Saint-Alexandre Nevski, Paris 8ème

L’arrivée des russes orthodoxes en France

Les russes deviennent rapidement majoritaires au sein de l’orthodoxie française. La révolution bolchévique force 400 000 déplacés à migrer en France (source : SDN). On les retrouve dans les principaux bassins d’emplois d’alors : la région parisienne, le Nord, le bassin de la Loire et l’Est de la France (J.C. Roberti, 1998). Cette migration entraine la création de 200 lieux de cultes orthodoxes dans l’entre-deux-guerres. Ces églises deviennent des lieux de socialisation pour les nouveaux arrivants[2].

L’institut théologique orthodoxe russe Saint-Serge ouvre en 1925 rue de Crimée. En 1926, L’Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontières est fondée en Yougoslavie par le Métropolite Eulogius. Ayant rompu tous liens avec le Patriarcat de Moscou, le leader de la diaspora russe orthodoxe obtient la confiance des deux tiers de la diaspora russe de France. Il demande le rattachement au Patriarcat de Constantinople et l’ERHF devient alors un Exarchat. La Cathédrale Alexandre Nevsky est alors le centre d’une « orthodoxie française ». A cette époque, les autorités françaises encouragent le développement de ces organisations religieuses, essentielles à la création d’une pensée antibolchévique en France. Pendant ce temps, en Russie, la révolution est actée. Les aides de l’état pour l’Eglise orthodoxe russe disparaissent, et les nouveaux lieux de culte construits en France deviennent plus modestes. On observe facilement cette distinction architecturale entre les églises tsaristes et les églises postrévolutionnaires, la plupart étant en bois, comme à Ugine (Savoie)[3]

Eglise Saint-Nicolas Saint-Alexis d’Ugine, Savoie

La naissance d’une « orthodoxie française »

Bien-sûr, certains convertis participent à l’expansion de l’Eglise orthodoxe. C’est le cas du père Lev (Gillet), qui fonde en 1928 la Nouvelle Eglise Orthodoxe Française. Moine catholique, il prononce ces vœux en 1924 dans un monastère polonais de rite gréco-catholique ukrainien. Converti à l’orthodoxie, il a la confiance du Métropolite Eulogius, et voyage même jusqu’à Constantinople. Malheureusement, sa communauté hétéroclite ne survit pas aux divisions que connait l’Eglise Orthodoxe Russe, affectant donc fortement la diaspora. En 1931, la rupture entre Eulogius et le Patriarcat de Moscou le prive de ses éléments les plus actifs.

De ces premières tentatives anarchiques de constitution d’une orthodoxie française, l’œuvre la plus remarquable est le travail de traduction de la liturgie byzantine et des chants russes à destination d’un public francophone datant de la fin des années 20. C’est le fruit d’une collaboration entre des moines bénédictins du monastère de Chevetogne (en Bretagne), de grands théologiens de la diaspora comme Vladimir Lossky (chef de la Confrérie Saint-Phiotus en 1928) et Paul Evodkimov (futur enseignant à Saint-Serge), et de théologiens catholiques et protestants français spécialistes de traductions. 

Malheureusement, la Seconde Guerre Mondiale bouleverse le développement de la diaspora : certains fuient aux Etats-Unis, comme les historiens Constantin Motchoulsky et Georges Fedotov ; quand d’autres périssent pour leur engagement en camp d’extermination, comme la Mère Marie Skobtsova


L’Eglise orthodoxe russe et la laïcité à la française

Structures et organisations de l’Eglise orthodoxe en France  

La première structure française ayant pour objectif de développer le dialogue entre les différentes communautés orthodoxes est née en 1967. Appelée à l’époque le Comité inter-épiscopal Orthodoxe, elle prit le nom d’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France (AEOF) à partir de 1997. Cette instance est ballotée par des influences venues de Constantinople, de Moscou, d’Athènes et de Roumanie ; jusqu’à aujourd’hui, cette entité fait au mieux pour préserver les intérêts du Patriarcat Constantinople en France.

En 2013, le territoire français accueillait 7 patriarcats et 10 diocèses orthodoxes. Les Eglises orthodoxes russes se répartissent de la façon suivante :

– l’Eglise Orthodoxe Russe hors des frontières (EORHF), fondée en 1920 en tant que juridiction indépendante du Patriarcat de Moscou. Le  dialogue avec le Patriarcat est rétabli en 2007 avec l’EOR par la signature à Moscou d’un « Acte d’Union Canonique et Eucharistique »

– l’Archevêché des Eglises orthodoxes russes en Europe Occidentale, fondée en 1921 avec l’accord du Patriarcat de Constantinople pour les églises russes qui ne voulaient pas dépendre d’un Patriarcat de Moscou, soumis aux bolchéviques. L’Archevêché a subit une scission majeure en 2019, lors Monseigneur Jean (Renneteau) décida de se rattacher à nouveau au Patriarcat Moscou, pour montrer son opposition au soutien du Patriarcat de Constantinople à l’indépendance de l’Eglise Orthodoxe Ukrainienne[4].

– une vingtaine d’églises appartiennent au Vicariat de tradition russe auprès du Métropole orthodoxe grec de France

– l’Eglise orthodoxe russe en France (EORF), fondée en 1960, dépendante du Patriarcat de Moscou

– la Vrai Eglise Orthodoxe Russe du Synode Lazarite – décédé en 2005, l’Archevêque Lazare fonde un mouvement dit l’ « Orthodoxie alternative » dans les camps de la Russie soviétique. Dite également « Eglise des Catacombes » du fait de sa clandestinité passé.

Le rattachement de l’EORHF au Patriarcat de Moscou en 2007 provoque d’autres scissions :

– L’Eglise Orthodoxe Russe Hors Frontière – Autorité Suprême Provisoire de l’Eglise (église Saint-Nicolas de Lyon)

– l’Eglise Orthodoxe Russe en exil.

S’adapter à la législation du pays d’accueil pour mieux s’intégrer

En France, le concept de laïcité est inscrit dans la loi. Depuis la fin du 19ème siècle, il a été réaffirmé à plusieurs reprises. L’avis du Conseil Constitutionnel du 21/02/13 rappelle la teneur du principe de laïcité en quatre points[5] :

1. le respect de toutes les croyances et l’égalité de tous devant la loi

2.  la garanti de libre exercice de tous les cultes

3. la neutralité de l’Etat

4. l’absence de culte officiel et de salariat des clergés

La loi de 1905 dite de séparations des Eglises et de l’Etat, cœur de cette législation, est héritée du contexte de compétition d’influence que se livrent l’Eglise Catholique de France et la Troisième République au tournant du 19ème et 20ème siècle. Nouvelles venues, les communautés orthodoxes doivent elles aussi apprendre à coexister avec les institutions laïques françaises.

A son arrivée en France, la diaspora russe a organisé sa pratique religieuse dans un entre soi quasi-systématique. Il faut attendre quelques années avant que la jeune génération des années 20 ne bouscule ces codes. Comme le dit N. Kazarian[6] : « En France, l’orthodoxie constitue un élément d’identité nationale pour les communautés orthodoxes de la diaspora. La laïcité modèle et en grande partie justifie le compromis anti canonique du traitement ecclésiologique des communautés orthodoxes de la diaspora, qui sont regroupés de matière ethnique ». Paradoxalement, la création d’Eglise nationale diasporique en Occident participe à la modernisation du discours religieux dans la diaspora.

Le « mouvement du peuple orthodoxe vers l’Ouest » (Constantin Andronikov) fut vécu par certains comme une sorte de punition divine. Si une minorité de la diaspora russe s’enferme dans le conservatisme, la jeune intelligentzia développe une approche « positiviste » : c’est l’occasion rêvé de renouer le dialogue avec les autres chrétiens. Des philosophes comme Serge Boulagov, Basile Zeukovsky, Lev Zander et Nicolas Berdjanev ; l’économiste Petr Struve et les historiens comme Anton Kartasov ou Georges Florovskij constituaient le noyau dur de ce qui fut appelé l’Ecole de Paris. Les frères Kovalevsky créent en 1925 la Confrérie Saint-Phiotus : « nous étions un groupe d’étudiants, tous farouchement orthodoxes, très ouverts à la culture européenne et à la pensée moderne » (Maxime K.). Leur objectif : moderniser la pensée orthodoxe et s’inspirant des principes « laïc » de la République. L’Eglise Orthodoxe Russe HF prit elle aussi des mesures afin de facilité l’assimilation de sa population à la société française, mais surtout afin d’ouvrir les offices au plus grands nombres : rapidement, les premières liturgies en français sont pratiquées, de manière ponctuelle à partir de 1927, puis de façon officielle dès l’avant-guerre.

Stable pendant les années 30, la baisse de la fréquentation des institutions religieuses devient constante après la Seconde Guerre Mondiale. La réussite de l’assimilation des russes en est le premier facteur. C’est une assimilation à double tranchant : d’un côté, l’assimilation d’une partie des croyants par l’Eglise catholique de France ; de l’autre, l’assimilation par la République provoque la déchristianisation d’une partie de la diaspora. Les luttes politiques, qui se répercutent sur la vie des institutions religieuses participent à l’émiettement des communautés : lorsqu’en 1953, le Patriarcat de Moscou lève sa protection canonique des paroisses orthodoxes dites « occidentales », ces dernières se trouvèrent hors de la communion orthodoxe. Beaucoup se tournent alors vers Constantinople.

Depuis une vingtaine d’années, l’augmentation de la pratique religieuse en France a relancé le débat autour de la notion de laïcité. Si l’Islam de France est au centre de ces controverses, toutes les Eglises semblent y voir l’opportunité de redéfinir les relations entre les instances religieuses et l’Etat.  Même si l’Orthodoxie semble peut affecter par les débats autour de la notion de laïcité, elle n’y échappe pas pour autant. Cependant, parce que les obligations en matière de pratiques sont moins strictes et surtout moins visibles, l’influence de l’orthodoxie sur ses fidèles est moins perçu dans l’espace public français que d’autres religions.  Beaucoup pratiquent à la maison la bénédiction des icônes dans un bel-angle[7]. En restant une communauté discrète, les orthodoxes russes ont réussi leur intégration à cette république laïque.


L’Eglise orthodoxe russe : une des plateformes du soft-power russe en France ?

La France et la Russie entretiennent des relations diplomatiques depuis le 17ème siècle. Leur lutte conjointe contre l’Allemagne les rapproche d’avantage au cours du 19ème et 20ème siècle. La chute de l’Union soviétique marque un basculement dans les relations politiques entre les deux pays : de retour sur la scène internationale, la Russie veut développer de nouveaux réseaux en France : ils sont à la fois politiques, commerciaux et religieux[8].

Soft-power russe et diaspora

Depuis le début du 21ème siècle, la Russie tente de reconstruire des liens avec sa diaspora présente en France. Plusieurs institutions ont été créées en Russie à l’occasion :

le Département de Travail avec les Compatriotes, agence du Min. des Affaires Etrangères, en 2005

– le Département d’Etat pour la Coopération et le Maintien des Liens avec la Diaspora, présent à Moscou et à Saint-Pétersbourg

la Maison des Compatriotes de Moscou

– le Conseil Mondial des Compatriotes, en 2001

– la Fondation Mondiale Russe, en 2007

Mais reconstruire le dialogue avec la diaspora en France est aussi synonyme de résistance. On peut regrouper cette en trois catégories :

– une résistance externe de la part des communautés orthodoxes russophones victimes des politiques répressives du régime Poutine, en provenance des communautés des pays Baltes et d’Ukraine, ne voulant plus entendre parler d’initiative venue de Russie 

– une résistance interne de la part de la diaspora russe non-orthodoxe anti-Poutine : en France, elle s’articule autour de l’ONG Russie-Libertés, avec le soutien de l’UERF, l’Union des Electeurs Russes de France ; ou encore autour du réseau français du Parti Bolchévique Russe, toujours interdit dans la fédération

– une résistance d’une partie minoritaire de l’émigration blanche, cristallisée autour de l’ACER, l’Action Chrétienne des Etudiants Russes et l’Union Générale des Combattants Russes ; cette résistance relève d’avantage du symbolique : demande de restitutions de biens nationalisés, demande de déplacement du Mausolée de Lénine font partie des conditions sine qua non non-remplies pour un retour au dialogue.

Malgré ces résistances, la Russie a en grande partie réussit son objectif, en unifiant une grande partie de la diaspora au sein du Conseil de Coordination pour un Forum des Russes de France, créé en 2011.

Le soft-power russe et le monde des affaires

Une des associations les plus actives dans la promotion de la coopération franco-russe est aujourd’hui l’Association de dialogue Franco-Russe et sa succursale le Groupe parlementaire pour l’Amitié Franco-Russe. En France comme en Russie, la majorité de ces membres sont des élus  de droite conservatrice (Les Républicains ou Rassemblement National) et du centre-droit (UDI). Créés en 2005, ces deux entités ont pour objectif le développement des relations économiques, culturelles et politiques entre les deux pays.

La Chambre de Commerce et d’Industrie franco-russe participe également à la construction de ce dialogue. Ces membres ont été les principaux porte voie de l’opposition aux sanctions antirusses en France. En 2012, la CCI Fr-Ru a participé à la création d’un Observatoire Franco-Russe dirigé par Arnaud Dubien. L’Association franco-russe d’entraide au business offre elle des conseils aux investisseurs russes souhaitant entrer sur le marché français, et inversement.

De grandes fortunes russes se sont lancées dans la protection et la diffusion de la foi orthodoxe à travers la diaspora. Plusieurs fondations ont été créées dans le but de transmettre les valeurs traditionnelles aux nouvelles générations.  Les fondations Saint-André (famille Yakunin) et la Fondation Charitable Saint-Basile le Grand (famille Malofeev) restaurent des églises et des monastères à l’étranger avec l’aide financière du contribuable russe. A Strasbourg, en 2019, une église orthodoxe a été en partie financée par l’entreprise pétrolière Transneft : « une église orthodoxe russe flambant neuve […] l’édifice a coûté 11 millions d’euros, dont 8 millions versés par la société »[9].

La nouvelle église orthodoxe russe de Strasbourg (AFP)

L’orthodoxie, une forme de soft-power ? 

Dans sa volonté de restaurer la splendeur de l’orthodoxie, l’état russe va investir dans la religion comme moyen pour renouer avec la diaspora : la première église post-soviétique, sobre, est réalisée en bois. Elle ouvre en 1993, dans la commune de Sylvanès dans l’Aveyron, loin des centres urbains.

Depuis, la Fédération de Russie s’est engagé dans une mission de reconquête de la propriété des églises russes au profit de l’Eglise Orthodoxe Russe. D’après Alexis Obolensky, vice-président de l’Association culturelle orthodoxe russe (ACOR) de la de Nice, dans Le Figaro, « Cela fait partie d’une stratégie agressive de l’État russe visant à s’approprier, par tous les moyens, les églises construites hors de Russie avant la révolution bolchevique »[10]. La propriété des deux églises orthodoxes de Nice a ainsi été contestée devant un tribunal en 2011 et 2014[11]. Pour l’instant, l’ACOR résiste encore[12] : « La Fédération de Russie et l’Association cultuelle orthodoxe russe (ACOR) de Nice vont à nouveau croiser le fer devant les tribunaux. Neuf ans après avoir dû céder les clés de la cathédrale Saint-Nicolas, classée au titre des monuments historiques, l’association se voit également disputer la propriété de l’église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra de Nice, premier édifice religieux russe orthodoxe construit en Europe de l’ouest »[13].

Eglise de la Sainte Trinité, Paris 9ème

En 2016, l’Eglise Orthodoxe russe achève la construction de l’Eglise la Sainte-Trinité. Située en plein centre de Paris, de style résolument moderne, elle remplace l’ancienne Maison de la Radio : « En 2016, le patriarche Kirill avait déjà fait le voyage vers la France pour inaugurer avec faste sa nouvelle cathédrale, quai Branly à Paris. La Fédération de Russie, propriétaire des lieux, avait investi 170 millions d’euros dans cette opération qui pouvait être vue comme une initiative de « soft power » politico-diplomatique »[14].

Le Patriarche Kirill consacrant l’église de la Sainte-Trinité, 04/12/16

L’objectif de longue date de l’Eglise orthodoxe russe est que les orthodoxes de France s’associent au Patriarcat de Moscou, quel que soit leur nationalité.


En 1990, la France ne comptait plus que 135 lieux de cultes orthodoxes actifs. En 2000, le pays accueillait 160 paroisses et lieux de cultes orthodoxes, 238 en 2010, 278 en 2017. Les orthodoxes étaient 100 000 en France en 1970, 200 000 en 1990 ; en 2017 ils étaient 500 000. Certaines sources avant même le chiffre de 700 000[15]. Cependant, il faut relativiser ces chiffres. D’après l’Annuaire de l’Eglise Orthodoxe en France, en 2017, les pratiquants réguliers (une messe par semaine ou plus) ne seraient pas plus de 100 000.

L’influence de la diaspora orthodoxe russe sur la vie démocratique française n’est pas un phénomène important. Cependant, l’influence moderniste qu’exerce la société française sur le développement de l’orthodoxie peut expliquer l’attention fervente que porte le gouvernement russe pour sa diaspora. Pour Moscou, la religion doit rester un des outils d’influence de la Russie sur les orthodoxes russophones de France. L’état russe développe des stratégies afin de gonfler la pratique d’une orthodoxie dite traditionnelle en France, en opposition à l’ « Ecole française ».

Depuis 2014, la médiatisation du conflit entre les Patriarcats de Moscou et de Constantinople au sujet de l’indépendance de l’Eglise orthodoxe ukrainienne a politisé d’avantage la question de l’appartenance à telle ou telle Eglise, ce qui a provoqué de nouvelles divisions au sein la diaspora.


Bibliographie – Sitographie

1. Christophe Levalois, « L’orthodoxie en France : histoire et situation présente », 21/10/20 – Orthodoxie.com

2. Vasileios Pnevmatikakis, « L’émigration russe et la naissance d’une orthodoxie française : 1925-1953 », Slavica bruxellensia, éd. Université Libre de Bruxelles, coll. Migration(s) et exil(s) n°8, 2012

3. Site de l’Eglise orthodoxe d’Ugine – http://orthodoxe-ugine.com/

4. Le Temps, « Kiev arrache son indépendance religieuse à Moscou », 12/10/2018 – https://www.letemps.ch/monde/kiev-arrache-independance-religieuse-moscou

5. Vie-publique.fr – Fiche Thématique – Quelle est la définition de la laïcité ? – https://www.vie-publique.fr/fiches/276820-quelle-est-la-definition-de-la-laicite

6. Nicolas Kazarian, « The Orthodox Church in France facing French secularism (‘laïcité’) », Religion, State and Society, éd. Routledge, vol. 43, n°3, pp. 244–261, 2015

7. Arlette Schweitz, « A propos de la piété domestique: L’exemple de la communauté orthodoxe d’origine russe dans la région parisienne », éd. Presse Universitaire de France, coll. Ethnologie française t.28 n°3, Astérix, Un mythe et ses figures, pp. 406-413, Juin/Sep. 1998

8. Marlène Laruelle, « Russian Soft Power in France: Assessing Moscow’s Cultural and Business Para-diplomacy », Carnegie Council EIA, 2018

9. Le Point, « A Strasbourg, une église russe flambant neuve », 18/06/19 – https://www.lepoint.fr/societe/a-strasbourg-une-eglise-orthodoxe-russe-flambant-neuve-18-06-2019-2319448_23.php

10. Le Figaro, « A Nice, la Russie veut s’approprier une église orthodoxe », 17/11/20 – https://www.lefigaro.fr/actualite-france/a-nice-la-russie-veut-s-approprier-une-eglise-orthodoxe-20201117

11. The Guardian, « Russia wrests back ownership of Orthodox churches in France », 18/11/20 – https://www.theguardian.com/world/2020/nov/18/russia-wrests-back-ownership-of-orthodox-churches-in-france

12. Churche Times, « French Orthodox resist Russian takeover bid », 04/11/2020 – https://www.churchtimes.co.uk/articles/2020/4-december/news/world/french-orthodox-resist-russian-takeover-bid

14. Le Point, 18/06/2019 – même article

15. La Croix, 2017